La langue qui nous habite...

La langue qui nous habite...
La langue qui nous habite...calligraphie encres de chine et gouache de Odile Pierron

jeudi 25 octobre 2012

L'expression de la semaine : " Ne connaître ni d'Eve ni d'Adam"

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir la signification de l’expression «Ne connaître ni d'Ève, ni d'Adam».
Cette expression qui signifie n’avoir jamais entendu parler de quelque chose ou de quelqu’un, existe depuis la fin du XVIIème siècle, puisque en 1700 dans Le père Bouhous, jésuite convaincu de ses calomnies anciennes, on peut trouver l’extrait suivant : « une histoire et des bruits qui ont eu pour principal fondement la grossesse scandaleuse d'une fille qu'ils ne connaissaient ni d'Ève ni d'Adam ». Cette expression prend racine dans l’origine de l’humanité. En effet, Adam est le premier homme

mardi 16 octobre 2012

L'expression de la semaine : "Poser un lapin"

Cette expression qui date de la fin du XIXe siècle a d’abord signifié « ne pas rétribuer les faveurs d’une femme » et elle viendrait de la combinaison de deux termes argotiques, poser et lapin.
D’un côté, en 1883, Alfred Delvau, dans son Dictionnaire de la langue verte, donne à faire poser la signification « faire attendre » et de l’autre, en 1889, Lorédan Larchey dans son Nouveau supplément du dictionnaire d’argot, indique que lapin est employé là par allusion « au lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire, qui paraît facile à gagner et qu’on ne gagne jamais ».
Autrement dit, le « poseur de lapin », terme qui a bien existé à cette époque, était celui qui faisait attendre son paiement (le lapin) ad vitam aeternam à la femme dont il avait profité. Dans ce cas, poser un lapin se disait bizarrement aussi brûler paillasse, et c’est suite à cette pratique que les dames de petite vertu ont pris l’habitude de faire payer d’avance leurs services.
Pour le sens actuel de l’expression, apparu également à la même période, il est probable qu’il y ait eu un glissement d’une attente non comblée (celle du paiement) vers une autre attente également non comblée (celle de la personne attendue), puisque dans les deux cas, il s’agit d’un engagement qui n’est pas tenu, ce que semblerait confirmer a posteriori l’édition de 1922 du Larousse universel, où il est indiqué : « Poser un lapin : [...] par extension, ne pas tenir un engagement, une promesse ».
Il est possible que ce sens ait été influencé par une des significations de lapin au début du XVIIe siècle. En effet, à cette période, lapin s’employait pour parler d’une histoire complètement inventée, source de moqueries, qui était parfois qualifiée par la forme suivante : « celle-là est de garenne », faisant allusion au lapin de garenne, plus gros que le lapin ordinaire, forme qui nous est confirmée par le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 où on trouve à l’entrée garenne : « On dit proverbialement et bassement d’un conte ou d’un trait d’esprit dont on le raille celui-là est de garenne ».
Alors on peut imaginer que ce lapin-là ait glissé ou bondi de l’histoire ou la blague douteuse à la plaisanterie douteuse comme celle de donner un faux rendez-vous.

jeudi 4 octobre 2012

L'expression de la semaine : "Etre en odeur de sainteté"

Il a été dit, autrefois, que le corps d'un saint émettait après sa mort une odeur particulière, suave qui permettait de le distinguer aisément des autres personnes décédées.

C'est de là qu'au XVIIe siècle est apparue notre expression avec son premier sens indiqué, pour désigner une personne ayant eu de son vivant un comportement si admirable que sa canonisation était envisageable.
Mais avant cela, au XVIe siècle, il existait déjà "être en bonne / mauvaise odeur" pour désigner quelqu'un qui faisait bonne ou mauvaise impression, tant il vrai que les odeurs qui émanent d'une personne qu'on rencontre peuvent parfois inciter à la cataloguer très rapidement.
Furetière indique d'ailleurs "odeur se dit figurément aux choses morales et signifie bonne ou mauvaise réputation". Ce sens n'a pas disparu et il est resté aujourd'hui dans notre expression, la bonne odeur devenant l'odeur de sainteté et désignant, parce qu'il a fait bonne impression, quelqu'un qui est apprécié, bien vu.
Dans ce second sens, le moderne, la locution s'emploie plutôt à la forme négative "ne pas être en odeur de sainteté" pour désigner une personne mal vue par une autre.