La langue qui nous habite...

La langue qui nous habite...
La langue qui nous habite...calligraphie encres de chine et gouache de Odile Pierron

mardi 31 janvier 2012

le journal de Tempo n°18, chronique d'un chien presqu'humain


Raplapla. Ecrasé de chagrin. Un rouleau compresseur me serait passé dessus, je serais dans le même état. Un état indéfinissable entre la compote de prunes vertes et le pudding de Noël, laxatif et constipé. Car en dépit de ma hauteur de vue, je sens bien qu’à tout moment je pourrais me lâcher et me vider de ma peine sur le tapis tout en souffrant d’atroces crispations abdominales, équivalentes à la contention de mon esprit. Je voudrais que les choses reprennent leur aplomb, j’en dénigre ma ration tant c’est ici la désolation. Mon monde si d’ordinaire arrangé dans le bon goût et les jolies manières, est entré en collision avec je ne sais quel bolide, et je suis là, sans rien pouvoir faire, si ce n’est constater les débris, rentrer ma tête d’autruche dans le sable du temps perdu, du temps où il était encore temps, mais maintenant c’est trop tard. Hier encore, j’étais là, installé dans mon douillet confort, nabab faisant étalage de son opulence, dilapidant à tort et à travers dans  la prodigalité des caresses frisant l’arrogance quand il y a tant de nécessiteux ; je réclamais même, pur caprice, davantage, toujours plus, encore et encore, des douceurs, des dons et des générosités dont j’ignorais la rareté. Je m’empiffrais, je me baffrais de ce pain blanc et Mam’hum me lavait les dents. Aujourd’hui, à supposer qu’enfin la lucidité m’ouvre les yeux, j’emporte mes regrets tout au bout du jardin où depuis j’habite un fond de trou. J’ai sans doute gagné en humanité ; le manque, que d’aucuns croient ne frapper que les gens, m’a à présent désigné de son doigt pointé, là, où ça fait mal. J’ai gagné en humanité, oui, j’éprouve le fini, j’éprouve les remords. Toutes choses que la bête ignore normalement, dans l’incapacité de s’extraire de l’éternelle nature.
La maison de Pap’hum est en colère. L’aspirateur est tombé en panne, je constate avec dédain les boules de poils que sans brossage régulier je laisse un peu partout. Indifférence pour ma pitance. Peu d’enclinatinon au jeu. Petite anémie peut-être. Réaction timide à la caresse. Récompense sans effet. Dresse  encore l’oreille droite à son nom, l’oreille gauche semble physiologiquement indemne néanmoins. Une cure de croquettes enrichie suggère le véto, sans véritable certitude. Une cure de Mam’hum serait plus appropriée. Au fond, Mam’hum est  ma croquette préférée. 
Serais-je condamné ? Serais-je en train de perdre le boire et le manger ? l’espoir et la gaieté ? C’est l’histoire d’un véto qui dit à son patient : Il vous reste 10 à vivre. 10 quoi ? dit le patient sus-nommé, 10 années, 10 mois, 10 jours ?? 9…8…7… C’est une blague, pour dérider Pap’hum. Ouais, il dit, pour encourager ma bonne volonté puis il allume une cigarette. Sans vider le cendrier. Met les pieds sur la table du salon beaucoup trop encombrée. Une revue tombe par terre. Va pas la ramasser. Le téléphone sonne. Va même pas décrocher. Et reste là tout chiffonné sur le canapé, à tirer des bouffantes, des idées délirantes. C’est comme ça tout le week-end. Pap’hum attend lundi pour repartir travailler et faire régner partout la sécurité là où toute la sienne est toute ébranlée.
Le lundi, je pense que tout est fichu
Le mardi, je pense que tout est encore possible
Le mercredi, je me dis que la cause est perdue
Le jeudi, l’euphorie me gagne dans un ultime sursaut d’absolu
Pour retomber, le vendredi, au point mort, tout est à recommencer, tout est à réinventer.
Le week end est encore un supplice. Pap’hum dort beaucoup, ne refait jamais le lit. Quand il se lève, met ses chaussons pas en entier, prépare le petit déjeuner mais les tartines sont mal beurrées, le thé est en sachet, le sucre… encore oublié d’en acheter. Il allume la télé, regarde le moindre monde parler au moindre monde quand lui, il a personne à qui parler. Et là c’est l’indignation qui me gagne car enfin je suis le meilleur ami de l’homme, l’aurait-il oublié ?  Compterais-je pour des prunes ?

Encore un week-end de perdu.
-    Dix de retrouv…
-    La ferme Cueillette ! Tu m’emmerdes à la fin, fiche-moi la paix ! Avec tes dictons à la con… Quand t’as raté une mésange, je te dis « dix de retrouvées » moi ?!!! Hein bon alors… T’es pénible à la fin…
-    Mais arrête de te morfondre ! Allez ressaisis-toi mon vieux. La terre ne va pas s’arrêter de tourner parce qu’un couple sur deux divorcent en France, si j’en crois les sondages de l’IFOP. Même les couples présidentiels divorcent de nos jours alors c’est dire si le pékin moyen y est exposé !
-    Je vois pas le rapport. Et d’abord je t’interdis de parler de divorce, tu vas nous porter la poisse. Et puis, je suis apolitique. Je me contrefous du président, me contrefous du parlement, me contrefous, voilà. Ma seule cité, c’est la cité de la joie !
-    La cité de la joie, n’importe quoi ! cé-cité oui ! L’aveuglement ! Vous les mâles, vous ne voyez jamais plus loin que le bout de votre nez ! M’enfin, il faut les faire rêver, les enchanter, les bouleverser, les EMOUVOIR, oui, avec délicatesse, faire de la vulgarité du monde, un haïku ! Dehors vous faites les fiers à bras, les sauveurs de l’humanité et hop une fois rentré, fourbu, on se débine, on est tout mou, juste bon pour un ou deux sudokus. Et puis, un jour, on met la table devant la télé et dans l’assiette qu’est-ce qu’on mange ? Les ennuis de la journée, c’est ça la vérité.
-    Arrête un peu tes clichés, tu veux.
-    Mais remuez-vous un peu tous les deux ! Non mais regardez-les ! Et je traîne la patte, et je me laisse aller ! Du nerf, mon vieux, du nerf ! C’est pas comme ça que ça va passer !
-    Tu m’ennuies avec tes phrases toutes faites. T’as pas un petit poncif sur l’indépendance des femmes, des fois ? 
-    Très bien, très bien. Je vois que Monsieur nous la joue blasé…
-    Et même en admettons que les hommes soient si différents des femmes, qu’ils se débrouillent très mal, est-ce une raison pour les quitter au motif d’un trop plein de quotidien ? Est-ce équitable ? est-ce charitable ?
Là-dessus, Cueillette me laisse tomber pour un rouge gorge grassouillet. Dans notre malheur, l’hiver est arrivé plus tôt cette année, les passereaux sont engourdis, les feuilles sont tombées par terre et la pelouse en est toute jonchée, le ciel est bas, le soleil est pâle. J’ajoute que délibérément j’use de cette littérature à deux balles sans tendre vers l’excellence et c’est là grand effort car à embellir la vérité de phrases enluminées ferait de notre épreuve château de conte de fée quand le malheur s’abat sur ses trois cents cheminées ; or, le malheur rend sec. Arrière les adjectifs ! Dehors adverbes et conjonctions ! Je renonce à tous ces mignons qui d’ordinaire donnent à ma prose un air joufflu en bonne santé ; je renonce aux comparaisons, aux métaphores et aux analogies, même à cette merveille qu’est la redondance, par l’entremise de laquelle je m’écoute parler, vanité des vanités. Je veux des phrases comme des cellules de moines, des verbes faire et passe-partout en pagaille, des point-à-la-ligne sans repentir,  et du tranchant de mes phrases hacher menu la vérité, valeur suprême s’il en est, aussi banale soit-elle, aussi féroce soit-elle ; et faire du cru ma religion.

De son côté, Pap’hum fait tout son possible pour rendre à notre niche coquette son apparence d’antan, son pittoresque lorrain. Mais le cœur n’y est pas. La quiche lorraine un pensum à avaler.

mardi 24 janvier 2012

le journal de Tempo n°17, chronique d'un chien presqu'humain

Appelez-moi Temporaire.

Une semaine chez Mam’hum
Une semaine chez Pap’hum

J’ai le cœur fendu en deux dans le sens de la longueur.

mercredi 18 janvier 2012

le journal de Tempo n°16, chronique d'un chien presqu'humain

Je n’ai pas compris. Je ne comprends pas. Non, no, niet et nénette, je ne comprends pas.  Il y avait des signes pourtant, des signes patents, criants, récurrents, des signes dans tous les mots, dans tous les gestes, dans tous les tous. Absolument partout, mam’hum traçait ses signes de colère, ses signes de regret, ses signes de mésespoir, partout, dans les petits bouts de la vie comme dans les grands moments, mais l’on ne savait pas  lire, l’on ne savait que dire, et l’on devait mentir, sans doute, oui, on se mentait. Oui, la vie était morose. Oui, l’amour tournait court. Que pouvait-on objecter à si juste analyse ? Bien sûr, l’on pouvait déterrer un os, rendre au passé ses gloires et ses brillants, oui et oui, on pouvait faire de la marche du temps un petit galop léger,  des clochettes aux pattes, les oreilles en goguette. On pouvait, non, on DEVAIT. Non pas repartir en arrière, vers ces beaux matins d’hiver quand la brume jette des voiles de jeune mariée çà et là dans la vallée, vers les soirs constellés où pap’hum menait  les étoiles par le bout du nez, non plus revivre à l’envers chaque anniversaire, retourner l’avant comme un gant, non bien sûr que non, la tâche était inhumaine, et  pap’hum n’était qu’un papa humain. Ou alors il eut fallu construire une machine à remonter le temps, une cinétique à contre- courant, et prendre à contresens le chemin du toujours qui joue si bien à l’amour. Il eut fallu, et voyez aujourd’hui ce conditionnel qui d’ordinaire signe le souhait de son scellé secret , ce conditionnel que tout un chacun emploie sans rien savoir du mirage qu’il fabrique qui de vouloir la niche idéale, qui la croquette minimale, ce conditionnel-là, projection de fantasmes ou bâti de l’utopie, ce conditionnel qui, au présent, mène l’espoir gentiment tranquillement sans jamais au futur lui filer, ce conditionnel-là grâce auquel on donnerait sa chemise, on déplacerait des montagnes, irait au bout de la nuit, ce conditionnel qu’on affuble faussement de conditions, ce conditionnel qui m’ouvrait au sourire radieux d’animal heureux, celui-là encore qui disait encore, qui voulait du même, un identique à l’identique, un jour poussant l’autre, sûr du rôle qu’il se voit jouer, ce conditionnel-là, on l’avait pap et moi, là, sous la main, dans les tripes, on l’avait gros, comme un cœur de rechange, un organe en surnombre mais mam’hum est partie. 
Chaque carton entamait un peu plus mon âme et chargeait mon espoir de charbon. Chaque tiroir vidé, chaque pile de torchons triés m’infligeait leurs reproches : Pourquoi n’as-tu rien fait ? pourquoi n’as-tu rien dit ? pourquoi n’as-tu rien su ? voulu ? lu ? Pourquoi ? oui pourquoi ? Cueillette, qui, dans sa grande sagesse, vit les attachements dans la frugalité ne trouvait pour me consoler que sévères leçons : Une mam’hum de perdue, dix de retrouvées ! Mais qu’avais-je à faire de dix mam’hum quand une seule à elle seule comblait tout de mon triste seul. Qu’avais-je de vingt mam’hum, de cent mam’hum, de mille ou de cent mille quand le jardin gagnait en mauvaises herbes, en friches et roses fanées ? Une seule Mam’hum vous manque et tout est désossé. Passé le grand chantier, passé le grand partage – chaque meuble était affecté dans une colonne aux initiales de l’intéressé PH pour pap’hum, MH pour Mam’hum – il fut question de ma garde.  Qui aurait la charge de cet animal que les chinois disent porter bonheur dès lors leur poil est blanc – c’est mon cas, vous le savez ( je profite de cette occasion fort mal choisie je m’en rends compte, pour traiter mon ex-véto de stupide pour avoir indiqué sur mon carnet de santé à la rubrique prévue à cet effet que j’avais le pelage fauve ! Non seulement incompétente, cette pseudo vet’ était bigleuse ;  mais passons, le sujet n’est pas là, n’allons pas tout embrouiller  avec de petites querelles narcissiques alors qu’un vrai drame s’est abattu chez nous comme la misère sur le pauvre monde autrement dit comme le départ de Mam’hum s’est abattu sur la pauvre meute.

Cueillette, comme chacun sait ,vit dans l’autarcie des grandes puissances. Si bien que mes parents’hum  n’ont évidemment soulevé la question de sa garde. Et cette omission en dit long sur le rapport  d’inclusion de sister Cueillette à la biopshère ; j’y vois là le parfait arrangement de Dame Nature pour qui minéral, végétal et animal ne forment qu’un grand TOUT agrégé et qui dans sa grande justice assigne avec grande perspicacité à chaque particule la place idoine qui lui revient au sein du grand vivant -  et que la folie des hommes ne les y délogent, tiens, juste pour voir !! Bref, au final, si chaque colonne comptait autant de serviettes, de fourchettes et d’assiettes, aucune ne comportait Cueillette. Cueillette n’appartenait qu’à elle.  Voilà la vérité. Mais quid de moi ???
De qui étais-je le maître ? Euh, non : qui diable était mon maître ??? ou pour faire plus court : qui était maître ? Hein ? Qui était maître nom d’une pipe ? maître de sa raison ? maître de son destin ? de ses émotions ? maître de soi, enfin quoi ? Qu’est-ce que c’était que ces gamineries et un coup je t’aime et un coup je t’aime plus et rebelotte je t’aime c’est pour cela que je pars, et un recoup si je pars c’est pour cela que je t’aime ? Ce discours de casuiste commençait à me chauffer les oreilles pour tout dire. Mais qui aurait prêté attention à mes oreilles en berne ? qui se serait seulement soucier de cette chose en forme de chien intelligent qui gisait là à leurs pieds ? Et ça recommençait de plus belle :   Et pourquoi t’as rien fait ? et pourquoi  t’as rien dit ? Et pourquoi, pourquoi, pourquoi ? des pourquoi longs comme des jours sans croquette, des pleurs et des bêtises que j’écoutais, las, en forme de chose inerte, en forme de tristesse. Et comment dire ?... je voyais bien, non, je sentais bien, non plus, je comprenais bien, oui, je comprenais tout le sous-entendu, tout le sous-tu, je mesurais en fait l’épaisseur  du chagrin et le poids des riens. Mais enfin, ! avais-je envie d’aboyer, bonnes gens, bonnes gens, quel sens donner à cette comédie ?  Quelle punition vous infligez-vous là ? et pour quel pardon ? Je reconnaissais bien là Mam’hum, son éloquence convaincante, sa détermination butée. Hélas, je reconnaissais bien là aussi chez pap’hum du discours l’ignorance, des arguments l’innocence et pour tout dire l’extrême inefficacité. Sur ce terrain, mam’hum avait l’avantage. Tant et si bien que le dialogue tournait au monologue, au one Mam chaud. Et pour être chaud, c’était chaud. Non pas qu’ils se soient disputés comme des chiffonniers pour garder ceci ou cela, non, loin de nous cette vulgarité. Non, c’était tout en civilités, en dires raisonnés, en froideurs déguisées, reprendrez-vous une tasse de thé ? Pourtant, le feu brûlait : Mam’hum s’enflammait, Pap’hum couvait. On dit que lorsque le maquis brûle, il renaît plus beau, mais là, l’incendie se propageait à la vitesse de la lumière dévastant  non seulement les jeunes pousses de l’année mais attaquant la terre, rognant les racines et faisant feu de tout bois. Soit il avançait, l’avenir était sa proie, soit il reculait, le passé, son garde manger. Plusieurs semaines se sont écoulées. Le feu n’a pas faibli. Les cartons étaient prêts.

Puis un jour, ce fut enfin mon tour. Ils s’assirent une dernière fois sur le canapé avec en main la liste du partage. Colonne de droite ou colonne de gauche ? Ce que j’espérais chez l’un, je le perdrais chez l’autre et ce que je gagnais chez l’autre, l’un m’en priverait. Il me fallait faire vite une table de décision. Mentalement, je dessinai un tableau à double entrée, vite, tout critère de décision, un coefficient de pondération, solution a, b, c. Mon cerveau vécut une tempête comme jamais il n’en vécut, et je ne souhaite à personne pareille épreuve corticale. La loi est formelle : tout être adopté ne peut être abandonné par ses parents, ce qui en revanche est envisageable pour l’enfant naturel – bah oui, abandonné deux fois, faut tout de même pas exagérer ! Certes, depuis que la résilience est née, on peut normalement tout endurer, mais grâce au ciel, je compris vite qu’aucun ne pourrait me renier, encore moins m’administrer la dose létale ou me perdre dans la forêt profonde à la merci de celui dont ne dit pas le nom. Ne restaient donc que la solution a et la solution b. Mam’hum ou Pap’hum. Evidemment, rester avec Pap’hum avait de quoi séduire. Tout d’abord ( critère 1) je conservais la jouissance d’un terrain de jeu aménagé par mes soins depuis un an et demi et sans faillir puisque je restais avec lui, dans notre niche, sweet niche ;  puis (critère 2), je conservais la jouissance de Cueillette, enfin façon de parler, cette petite ne laisse pas faire qui veut et j’aime assez je dois dire ses grands airs  offusqués  de déesse ; puis (critère 3), je pouvais continuer à jouer au chien grondé quand Pap’hum me faisait les gros yeux, je pouvais continuer à l’infini même tant il aimait à jouer lui-même au Pap’hum grondeur et de cette entente tacite était née une saine et solide complicité qu’un petit somme sur le canapé toute truffe caressée venait consacrer au défi des grands principes suivant lesquels un chien en aucun cas, sans exception, ne doit monter sur le canapé, le lit, le canapé-lit, le hamac, et j’en passe. ( Critère 4) j’allais faire du sport. Des randonnées sans GPS dans le vent, dans les glaces, aussi fier dans les canicules que dans les déluges, des cavalcades effrénées, des batifolades de jeunes chiots, des taquineries de plaisantins, des badineries de joyeux drille et des combats de chien à chien, des tournois, d’olympiades, des trophées et des vivats ; j’allais aussi nager, des heures durant, taquinant l’oursin violet, frayant avec le menu poisson, j’allais rattraper des bâtons, sauver des nageurs en péril, offrir mon torse comme figure de proue au kayac, vent de Nordest à bâbord, petite houle de temps de curé – petite hein, la houle, n’allons pas tout faire foirer – tirer des bords avec des hisse et des ho, accompagnant les efforts de la marine, scruter l’horizon – tiens, v’là le Casanova de 15 heures, oh un dauphin !  oh une raie manta ! oh un poisson-lune !!! ( j’invente un peu mais c’est pour décrire l’ambiance exotique de la Corse) mais ne nous attardons pas, le temps passait et le supplice d’Abraham me guettait, ne l’oublions pas. Pour ce qui était du critère 5, la nourriture, les vaccins, le collier antipuce, le coefficient était nul : de chaque côté, ma santé était assurée d’une part par des soins aussi réguliers qu’adaptés et d’autre part par une constitution de centenaire. Et justement, s’il me fallait vivre cent ans avec Pap’hum sur ce train de bienfaits, j’insiste, il ne fallait évidemment pas prendre les choses à la légère.
Je considérai donc la candidature de Mam’hum avec même sang-froid. Elle allait vivre dans un appartement, en ville donc, et qui dit ville, dit  congénères, dit crotte et pipi un peu partout, dit  roues des 4X4, poubelles, devantures de magasins. Et quoi de plus excitant qu’une petite rincette  toute affaire cessante ? Et dans un milieu si stimulant que le boulevard consulaire, l’avenue impériale, la perspective de Madame-Mère ? Y’en a qui ne se mouchent du pied, diront les fâcheux. Eh bien oui, tout caniveau qu’il soit,  LE caniveau n’a parfois du caniveau que le nom. Abus de langage !  Usurpation ! Mais de qui se moque-t-on ? Pour accéder au statut de caniveau, ne vous en déplaise, il y a des critères, et si critère il y a, il y a une hiérarchie. C’est comme au guide Michelin, aux gîtes de France, aux relais et châteaux.
    Le caniveau « 1 crotte » s’applique aux chaussées destabilisées, le risque de vaciller et grand et celui de marcher dedans éminent.
    Le caniveau « 2 crottes » vous exposent aux dangers des véhicules alors que précisément la posture vous prive de vos moyens d’esquive ordinaires, à serrer les fesses de la sorte
    Le caniveau « 3 crottes » : belle vue, calme reposant, prestations annexes.
    Le caniveau « 4 crottes » grande terrasse panoramique classée monument historique au patrimoine de l’Unesco. L'équipe chaleureuse de la voirie  saura vous renseigner et rendre votre séjour agréable, dans une ambiance conviviale.

Bon, tout ceci était bien joli. Certes, la vie citadine avait plus d’un attrait mais cela ne faisait pas tout. Et j’ajouterais même que subordonner le recrutement de Mam’hum à si viles agréments pourrait laisser entrevoir chez celui qui vous parle basses préoccupations, que dis-je ! esprit d’opportunisme. Détrompez-vous ! Le premier critère de loin le plus propice à la survie affective de votre dévoué Tempo était assurément l’amour. Avec un grand A, un grand M, un grand O, un grand… vous m’avez compris. L’AMOUR donc dans toute sa magnificence, sa générosité, sa lumière gothique, ses arcs flamboyants ( j’aurais dû écrire des livres, je me dis des fois ). Oui, l’amour – revenons à la minuscule car Mam’hum m’appelle volontiers « mon tout petit, mon minuscule » et je sais bien là reconnaître figure de litote, et comme dit le héros de Racine « va, je ne te hais point » pour dire « je t’ai dans la peau » et comme  cet étalage de science me monte à la tête, je serai bref,  l’amour,  donc, revenons à la minuscule car Mam’hum voit dans le tout petit, le tout ordinaire, le tout simplet des choses géantes invisibles au commun des hum’, oui, vous avez raison, revenons à l’amour en majuscules sous ses jupes de minuscules, l’amour que me prodiguait Mam’hum était immensément immense. Et sous le critère 1, il y avait le brossage du soir, dans le sens du poil, à contresens du poil, là où ça chatouille et mon dieu comme c’est bon, il y avait le câlin du matin, dans le sens de l’éveil et à contresens du sommeil et doux jésus comme c’est folie de nos corps l’un contre l’autre, mêlant images diurnes, images nocturnes,  il y avait la mumuse de midi – se reporter à tempo n°? j’ai oublié le numéro mais si, vous savez, là où je raconte nos charmantes séances de muselière dont la durée est proportionnelle à la récompense, relisez, relisez, relisez !
Le critère 1 était tout ça à la fois, un moi et toi, un toi et moi, ses cheveux bouclés, mon poil lustré, ma papatte dans sa mimine douce, on est gâteux, on est heureux. Barthes a dit « je t’aime ne se dit qu’une fois ». Barthe est un imbécile. D’abord , je t’aime ne se dit pas :  quelqu’un le dit, abruti. 
Quant au critère n° 2. Ma papatte dans sa mimine douce, on est gâteux, on est heureux
Quant au critère n° 3. Ma papatte dans sa mimine douce, on est gâteux, on est heureux
Quant au critère n°4. Ma papatte dans sa mimine douce, on est gâteux, on est heureux
Quant au critère n°5. Quoi ? Ma papatte dans sa mimine douce ?  on est gâteux, on est heureux ? Pas du tout. Le critère n°5 est LE critère. Le critère absolu, suprême et canonique. Mais je ne sais pas si j’ai le droit de vous le dire. Non, je ne fais pas ma chochotte mais il y a des choses qui appartiennent à cet espace si intime, si privé, si humain que je n’ose y pénétrer. Cela nous concerne tous les trois. Voilà. Comment ? j’en ai trop dit ou pas assez ? je ne peux pas dire plus, c‘est tout, pour le moment. Peut-être plus tard, un jour, on verra.
Ma table de décision était terminée. Je relevai le nez. Pap’hum et Mam’hum sont toujours côte à côte sur le canapé. Je m’approchai, une papatte sur le genou de Pap’hum, le museau sur le genou de Mam’hum. Et puis, d’un coup, sans prévenir, je craque, comme un petit chiot, je m’effondre à leurs pieds, la tête entre les pattes, le cœur rompu d’avoir tant attendu ; d’en perdre un, c’est perdre les deux, comprenez-moi, regardez-moi,  je vous veux tous les deux, les larmes obstruent mes yeux, je répète tous les deux, comme un abracadabra, je voudrais qu’un génie sorte immédiatement des cartons de Mam’hum, il remettrait en ordre chaque chose à sa place, il montrerait là à lui, sa place ; là, sa place à elle, et tous les deux occuperaient mon milieu, tous les deux… Je pleure et j’ai mal à l’heureux.

mardi 10 janvier 2012

le journal de Tempo n°15, chronique d'un chien presqu'humain


S’il existe un lieu spécifique pour profiter pleinement de chaque lecture, il en va de même pour la sieste. Je sais gré à Mam’hum d’appliquer cette vérité à mes aires de repos. Ainsi, dans la maison, ci et là, je peux succomber à mon activité favorite : la sieste, méditative, car comme chacun sait un chien ne dort que d’un œil. A chaque aire de repose correspond une cartographie particulière de ma réflexion : les sillons, scissures, fissures et circonvolutions de mon cerveau en sont les balises et m’orientent le soir vers des pays imaginaires, soit vers des souvenirs ou encore des pistes spirituelles hors des sentiers battus.
Un coussin à carreaux, dans un pur style britannique, intérieur kapok, dessous polaire  - d’un reliquat de robe de chambre confectionné à Grand-Père Bernard ; sait-il seulement que son confort et le mien se rejoignent comme la trame et la chaîne de la fibre ? -  m’accueille tous les jours dans le salon de musique, appelé aussi chambre jaune, chambre d’ami(s), petite chambre. Cette instabilité lexicale résulte de la multifonctionnalité de l’endroit, palliatif aux  variations touristiques. Quand par exemple les ultrasonistes sont là, en vacances, il va sans dire que la formule « salon de musique » est de rigueur. Si en revanche, il s’agit d’ami(s) ; ils occupent « la chambre d’amis », proposer une « petite » chambre serait non seulement contraire aux régles élémentaires de l’hospitalité mais insultant ; pupitre, violons, partitions, métronome et tutti quanti migrent alors vers des régions plus profondes, vers la chambre à coucher de mes parents hum. L’emploi de  « chambre jaune », lui, est soumis à des facteurs endogènes, de nature esthétique : le jaune y domine, sur les rideaux, sur le jeté de lit, sur mon coussin, le tout taillé dans une même pièce de tissu. Mam’hum n’en jette jamais une chute ! Sagesse transmise de mère en fille, chaque génération ayant contribué  au succès de Modes et Travaux, d’où de minuscules vêtements de poupée suivant le pointillé de minuscules patrons leur ont donné le goût du travail bien fait. C’est qu’elles s’en souviennent encore de cette chemisette à col pointu, de ce tablier à rayures et de ce si joli imperméable ciré, et aujourd’hui encore, dès qu’elles enfilent une aiguille, c’est tout l’art des boutonnières qui est convoqué, tout le savoir du droit fil et des surjets ! Mais assez parler chiffon, je reviens à mon coussin, jaune, où je rayonne deux heures par jour – durée moyenne des répétitions de Mam’hum –  en proie à de grands rêves solaires. Le jaune est la couleur de l’utopie. Forme presque déviante de la vie communautaire, la mienne réunit sur un même coussin tous mes amis, tous mes cousins, pour une coussin-party de bon aboi. Ah que j’aimerais me fondre dans la multitude, dans le panurgisme pacifiste, dans le bon groupe et ses mythes ! Je m’imagine trottant au flanc de je ne sais quel frère de cœur porté par les mêmes valeurs, brandissant une chaussette blanche, mordillée avec la ferveur d’une même idéologie dans laquelle les luttes interraciales seraient à jamais abolies. Hier encore, j’assistai à une négociation interne dans notre communauté de chats. L’un – Vagabond de son petit nom – réclamait un droit de passage par notre jardin arguant qu’un détour l’exposait à l’intolérance d’un voisin peu commode dont l’oie pourrait servir au capitole. Cueillette, tout acquis à ma cause, était bien entendu favorable à cette dérogation en dépit même d’un éventuel préjudice afférente à cette mesure exceptionnelle alors que tous, en bloc, refusaient à notre concitoyen cette facilité au motif que ce qui vaut pour un vaut pour tous. Vue un peu courte. Car si tous les chats de la communauté passent par notre jardin, là, le préjudice est réel. Petit un, les oiseaux vont se raréfier, par conséquent la régulation écologique qu’effectue Cueillette en sera toute perturbée. Petit deux, la tâche de décrotting pour Mam’hum tournera au cauchemar. Petit trois, sans faire de prospective hâtive, on peut supposer que désormais toutes les chattes viendront mettre bas chez nous, ce qui représente une véritable charge morale et technique pour les propriétaires du domaine : moi et Cueillette. Or, ni Cuillette ni moi n’avons les compétences en la matière.
Cette question de droit de passage soulève d’une manière plus générale la question des clôtures. La politique territoriale locale est assez hétérogène. En Corse, la notion même du privatif est polymorphe. Ainsi, un propriétaire peut s’arroger un chemin vicinal, balisé et cartographié. Ou encore, la clôture d’un terrain peut être repoussée de quelques mêtres et empiéter sur la voie publique sans que l’on s’en étonne. Chez nous même, le cadastre est formel : le jardin s’arrête à la terrasse, au-delà, le jardin ne nous appartient pas ! Les usages dans les villages également contredisent le référentiel continental : peu de portillon, peu de grille, peu de signaux pour marquer l’entrée . Aussi, la politesse veut que l’invité s’annonce par un « hola, c’est moi » une fois passé la ligne imaginaire du privé. Sur mon coussin jaune, je rêve d’un jardin sans limite, à la taille de notre belle kallisté, à dire vrai.

La cuisine est propice à considérations plus domestiques. Question récurrente : quand prépare-t-on le repas dans cette maison ? Car l’heure du dîner est fonction de paramètres aussi nombreux qu’imprévisibles. Il va sans dire que dans ces conditions, mes siestes sont le plus souvent pré-prandiales ; le ventre creux mais la dent saine, je me fais aussi discret que possible car si jamais j’ai le malheur de trainer dans les pattes de Mam’hum, je suis immédiatement  évincé. Je comprends. Chaque chien à sa place, une place pour chaque chien, comme dit mon Pap’hum, je regagne alors mes penates - n’empêche, le tapis de Mam’hum, devant l’évier, a quelque chose d’irresistible -  et je me laisse choir sur un tapis rouge qui n’a de glorieux que le nom. J’occupe un coin. D’où je ne vois rien. Cette position ajoute à la sensation d’hypocroquémie son poids d’injustice. Enfin, ne noircissons pas le tableau. Il y a parfois des invités, ou des gueuletons de Saint-Valentin, d’anniversaire, des après-midi de pluie, etc. donc des crèmes qui débordent, des petits gateaux apéritifs qui s’égarent, des couennes de lard inutiles dès lors le bouillon est prêt, des tranches de pain en sus, des épluchures en surnombre, des biscuits ratés. Et comme je suis sage comme une image, tout ceci est de mon héritage. Vous l’avez donc compris, un tapis rouge inspire des siestes focalisées sur les petits restes qui engraissent. Dans ce même état d’esprit, vigilant et astucieux, je regarde les oiseaux par la fenêtre. Et là, c’est la jalousie qui me serre l’estomac  : ils boulottent à la mangeoire une sélection de graines … en libre service ! Alors, là, plus question de hiérarchie dans la meute-famine, j’ai envie de dire ! A n’importe quelle heure du jour, je les vois s’empiffrer, ils ingurgitent jusqu’à trente fois leur poids, dit-on ! Voyons, 30 X 20 kg = 600 kgs ! = 80 sacs de 7,5 kgs croquettes Virbas exactement ! Que ne suis-pas né chardonneret élégant, mésange ou verdier d’Europe ! Je casserais la graine à longueur de temps ! J’enrage.
Dans le salon, les coussins se succèdent avec une rapidité déconcertante. J’ai à peine le temps d’en entamer un qu’aussitôt, le voilà remplacé par un nouveau, ce qui m’attriste profondément. Qui oserait enlever à un enfant son doudou préféré ? Je garde un souvenir très vivant et… charnel, n’ayons pas peur desmots, de la peau de mouton que j’ai occupé 23 minutes, un jour béni où l’hiver s’était abattu sans prévenir sur notre chaumière. Mes maîtres l’avait installée devant la cheminée, laquelle nous réchauffait les os d’un feu joyeux de Saint-Sylvestre, eux, sans tenir compte des mises en garde du vendeur, lequel avait tenté d’en dissuader l’octroi à un animal tout précautionneux qu’il soit, leque au comble de l’excitation, n’aurait de cesse que de la transformer en pelotte de laine vierge, dixit. En 23 minutes, exactement : un record ! On me retira la bête fissa. Et on la mit sur le canapé, autrement dit hors d’atteinte. Je m’en fis une raison car à les voir se battre pour y poser bien à l’aise leur séant, je compris qu’ils n’auraient pas hésité à venir me pousser sur ma propre couchette pour s’y étendre mollement. Or, chaque humain a sa place, une place pour chaque humain, comme je dis, à mes heures marxistes.  Je garde un souvenir, aérien, du coussin orange. Mam’hum l’avait confectionné exprès pour moi et en panne de kapok avait eu recours à du plastique à bulle, rose de surcroît. Je dis de surcroît car l’air en bulles roses est plus léger que le pétale de rose. Délicat, je m’y couchai la première fois comme la princesse au petit pois. D’un coup, je sens un vent, intérieur si je puis dire, sans être toutefois aussi intérieur que de coutume, me caresser les mamelles. Ouououh, je frissonne, tant c’est divin, le petit jésus en culotte de velours. Qu’est-ce donc que cette diablerie ? ( car en fin de compte, qui, de dieu ou de diable est le plus farceur ? ) Et me redresse. A ce seul mouvement, un autre vent, à gauche, puis un autre, sur le flanc droit, le coussin comme une montglofière me soulève dans les airs ! Je danse, je tangue, des centaines de bulles d’air éclatent, j’ai la tête qui tourne sans boire de champagne !
A  l’expérience agréable et nouvelle de la lévitation succède néanmoins une sensation moins nouvelle : le mal du 4X4 plus communément appelé le mal des transports. Que faire ? En une seconde, la solution se présente. Je mords à pleines dents dans mon dirigeable : les bulles crèvent,  le tissu pète. Mam’hum supprime le coussin orange et le remplace par une vulgaire carpette pour VILAIN CHIEN. Je serai bref sur le coussin pianistique ( chute du tissu qui a recouvert le tabouret du piano ). Cette fois, ni bulle, ni kapok, de la mousse synthètique de médiocre qualité, j’en veux pour preuve, le bon morceau dont je l’amputai. Le coussin fut mis au rebut.
Dans la buanderie, autrement appelée Tempoterie puisque j’y habite – et non pas Tempotoire, comme voudrait m’en persuader Mam’hum quand j’y ramène toute sorte de cochonneries de mes promenades dans le jardin – je récupère les coussins recyclés. Je n’ai que l’embarras du choix, bien que certains spécimens, les mieux conservés j’ai bien noté, soit désormais propriété de Cueillette, en usus, fructus et abusus ; la parité gagne le règne animal, que voulez-vous, donc pas de jaloux. Cela dit, né dans le ruisseau si je puis dire, longtemps nécessiteux, besogneux, j’ai gardé le goût des choses simples, de celles qui procurent la véritable sécurité car rien ni personne n’irait le convoîter et vous l’ôter, j’ai nommé la paillasse, Non pas la paillasse dont l’humain use volontiers pour désigner, péjoratif, la litière de son inférieur, mais la Paillasse, avec le grand A majestueux de l’Animal, la paillasse idéale, la paillasse éternelle, la paillasse qui ne demande ni entretien ni soin, quasi vivante, quasi organique tant les odeurs s’y accrochent et les attachements s’y résument. De toutes celles que je connais, et dieu sait si j’en ai testées, mon actuelle est indestructible et répond en tout point à mes exigences. Il s’agit d’une couverture de déménagement gracieusement offert en cadeau de bienvenue par Démécorse. Première qualité : elle est moche. Avantage : elle reste dans la buanderie. Car une paillasse, quand elle est jolie, est soumise à des soins excessifs qui gâtent son lustre. Si mes parents’hum estiment nécessaire de changer leur literie, cela les regarde, je n’irais pas juger, malgré tout, je subodore que ce rite est plus féminin que sanitaire : Mam’hum adore se coucher dans des draps propres ayant séché naturellement au vent embaumé des fleurs d’oranger de son verger ( tout parisien donnerait sa chemise pour moins que ça ). En tout état de cause, avec ma couverture, je ne risque rien. Deuxième qualité : elle pique. Or, Mam’hum déteste les étoffes qui piquent, même le temps de les secouer dehors au vent embaumé des fleurs d’oranger de son verger. Troisième qualité : elle est grande. Moralité, même en fouillousse, on peut encore s’y coucher à l’aise, même avec Cueillette, contre moi, en petite cuillère.  Enfin, dernière qualité : elle est à moi. Ce petit lopin de propriété est mon havre de paix, ma cabane au canada, j’y coule des siestes heureuses, une jeunesse heureuse ( mais non, pas jeune essoreuse, jeu-nesse-heu-reuse, ar-ti-cu-lez ! )

mardi 3 janvier 2012

le journal de Tempo n°14, chronique d'un chien presqu'humain


Mon nom officiel est Tempo, vous le savez. Néanmoins, l’amitié qui me lie à vous à présent autorise à davantage de familiarité, voire de complicité.
Bien entendu, les plus protocolaires d’entre nous pourront toujours m’appeler Tempo et même prononcer mon nom à la française, voire à la lorraine [trad phonétique : tanpo], même si la paronymie avec Tans pis me laisse perplexe. Mais ne faisons pas là des rapprochements de nature à nous alarmer inutilement un jour de grand soleil. Je sais bien que derrière ce formalisme, se cache une affection réelle que de gentils sobriquets ne pourraient égaler.
Quoi qu’il en soit, si Tempo, chanté à l’italienne, me va très bien, je ne suis pas contre les marques d’intimité. Mais attention, des raisons de confidentialité évidentes, vous allez être re-dirigé vers un lien sécurisé. Le mot de passe est : ******** pour accéder à la suite.




Lien activé. Sur cette page, la liste des surnoms de Tempo- m.à j. le 1/01/12.

Surnoms en vigueur dans la meute famille :
Mention spéciale : Toute contrefaçon et emprunt à des fins privées ou commerciales est punie par la loi à une amende de 3 sacs de croquettes ( format 7,5 kgs de marque Virbac ) et à un trajet de 2 heures à l’arrière du 4X4.
 Poulounet : sans commentaire, l’origine du sobriquet est méconnue. Elle serait néanmoins à chercher dans les douceurs de l’inconscient de Mam’hum.
 Loupé-de-loup ou Loupéd’lou, Poulélou, Poupou : appellations intégrales ou en apocope mettant en évidence les origines mythiques du chien autrement dit le contrat de la nature entre le chien et le loup. Tempo aurait d’ailleurs pour ascendant le labrador et le chien loup de Saarloos, croisement d’une louve et d’un berger allemand, dans les années 1930.  Voilà en outre les indications fournies par le Larousse du chien, auxquelles j’ajouterai quelques observations personnelles  : ce chien d’allure furtive ( tout à fait exact )  doit son nom à son créateur, landerf Saarloos. Indépendant, têtu, ( opiniâtre, à tout le moins !  )  ce chien a besoin d’un maître capable de le dominer sans le heurter ( c’est tout Mam’hum ! ) Très méfiant envers les étrangers, il peut avoir de vives réactions ( sornettes : il accueille les étrangers avec bonheur et ses prétendues vives réactions en sont que vivacité  ). Ce chien harmonieux ( absolument ) a une ossature puissante ( indéniablement ) mais sans lourdeur (cela va sans dire )
Crapaud : sans commentaire, nulle ressemblance physique ou morale ne saurait faire la lumière sur cette étrange introduction au dictionnaire familial.
Mon tout petit : même remarque
Mon minuscule : même remarque
Dérivés – sans grande créativité – de l’appellation contrôlée  :
Tempounet
Tempoupou
Surnoms en vigueur dans le milieu :
Mention spéciale : toute divulgation est punie par la loi du milieu …
Joli Museau 
Patinette