La langue qui nous habite...

La langue qui nous habite...
La langue qui nous habite...calligraphie encres de chine et gouache de Odile Pierron

mardi 19 mars 2013

Atelier d'écriture du 18 mars 2013


Le signe de ponctuation que je n'aime pas est le point sur les i. D'ailleurs, quand on vous dit, "il faut mettre les points sur les i", cela sonne comme une menace, une injonction comminatoire propre à alourdir l'athmosphère ; on frôle l'exploit (d'huissier). En outre, la plupart du temps, ces fameux points sur les i se transforment tantôt en autant de ronds ressemblant à autant de zéros au dessus des mots, tantôt en traits rageurs paraissant barrrer les mots, tantôt en véritables chiures de mouches inesthétique au plus haut point. Point barre pour le point sur les i.
Toutefois, j'aime lorsque ces points sur les i se transforment en jolis trémas, comme dans croît (du verbe croitre, pas croire) ou encore en beaux trémas, comme dans coït, ou dans laïc.
Louis

mardi 12 mars 2013

Atelier d'écriture du 11 mars 2013

On écrit toujours à partir d'un 2 novembre, jour des morts, car qui ne sait que l'on porte toujours son cadavre avec soi, tel un mort vivant qui s'ignore, dans l'immense cimetière de ce bas-monde. La mort y nourrit la vie en permanence, et la vie se nourrit de la mort : de la forêt qui tire sa substance de la litière des feuilles en décomposition, aux animaux et aux hommes qui ingurgitent de la matière vivante, toute vie y est autophage.
Oui, on écrit toujours à partir d'un 2 novembre, dans le cimetière de cet univers, marqué par l'interdépendance, où règne l'impermanence, dans l'insubstantielle vacuité d'un réel qui se dérobe sans cesse, laissant les êtres sensibles, faibles roseaux toujours tourmentés par tous les vents cinglants du destin, être accablés par l'inachevé et l'angoisse existentielle. On écrit toujours à partir de ce que l'on est et d'où l'on est : être mortel dans un monde mortel, aspirant à dépasser sa condition limitée, à se trouver en soi.
Louis


On écrit toujours  à partir d'un 20 août 1968. C'est une soirée comme les autres. Il fait très chaud. Les gens sortent. Il y en a d'autres, qui, montés à leurs villages, se sont couchés depuis longtemps. On les appelle les ignorants. Ignorants jusqu'au matin. Le bruit les fait sortir de chez eux. Un bruit méconnu qui deviendra pourtant bientôt familier. Trop familier. Trop constant. Le bruit des chars russes. Ils sont là pour nous imposer leurs lois par la force. Cette force nous limite dans nos gestes, dans nos pensées. Ces chars-là, ce jour-là, sont venus pour nous protéger, disaient leurs conducteurs. Mais nous protéger contre nous-mêmes. La protection a duré plus de vingt ans.
Léona

jeudi 7 mars 2013

Atelier d'écriture du 4 mars 2013

Le printemps s'annonce par un éclat de joie en criant : "Me voilà!". Tiens donc, qui dit : "Me voilà ?" Ce n'est pas moi ! Alors le printemps n'insiste pas et il s'en va.
Plus loin, sur la colline, les coquelicots, les marguerites, les vinaigrettes secouent leurs clochettes et la Fée Clochette qui passe par là, comme elle passe partout ailleurs d'un air moqueur mais pas railleur, interpelle tous les champs environnants dans un gazouillis ardent.
M.J


Printemps de ma vie
Dur, dur, ma jeunesse,
tourmentes pêcheresses
orages percés ça et là d'éclats de soleil
rires, chants et jeux, j'ai osé
printemps de ma vie, je vous hais
dur, dur, ma jeunesse.
J


La profondeur de cette colère était sans fond.
La longueur de cette colère était sans fin.
L'immensité de cette colère montait au ciel.
L'énormité de cette colère provoquait des gestes inefficaces.
Cette colère engendrait la peur, la rage, le sentiment d'inutilité.
Le monde était à l'envers
Leona


Une colère
Dans une explosion de confettis le clown devint vert.
Vert de colère,là sous le chapiteau rempli de spectateurs.
Il ne cessait de se secouer,de s'agiter en clamant des mots pointus,
des mots aigus qui fusaient aux quatre coins du chapiteau,
en tous sens !!!
Soudain il y eut des applaudissements,
sa colère tomba et son numéro s'arrêta.
Il en resta pantois ...
M.J