La langue qui nous habite...

La langue qui nous habite...
La langue qui nous habite...calligraphie encres de chine et gouache de Odile Pierron

mercredi 14 décembre 2011

le journal de Tempo n°12, chronique d'un chien presqu'humain

Alors que je viens de relire le précédent épisode, je me rends compte que j’ai laissé mes fidèles lecteurs dans un suspense atroce. Comment ont-ils supporté l’inquiétude de me savoir entre des mains si cruelles ? Cela dit, la leçon a inspiré à Mam’hum un nouveau motif à dressage. Depuis plusieurs semaines, deux fois par jour, je consens à revêtir une muselière, assez seyante, je dois le dire, à la tendre injonction de faire « mumuse ». Au début, je me rebiffai : j’ai horreur que l’on me tripote le museau, l’organe intime de mon flair de chien. Puis, récompense(s) aidant, j’ai appris à enfiler la muselière sans rechigner même si l’accessoire est gênant sans compter le ridicule, qui par analogie, me fait ressembler à un caniche habillé pour l’hiver. Evidemment, la muselière me prive d’un certain nombre de capacités que je développe plus vite que ne le voudraient parfois mes maîtres. Je parviens à saisir par exemple toute sorte d’objets dont l’usage néanmoins m’échappe. Qu’il s’agisse de stylos, de porte-mines, de surligneurs, de ciseaux, de lunettes, d’agrafeuse, de souris, de clé USB, etc. ils ont tous en commun d’appartenir à Mam’hum, de contenir son empreinte, et, ustensiles de bureau comme prolongements cérébraux, de stimuler mon intellect..
Premièrement, Mam’hum dit : QU’EST-CE QUE C’EST ? Elle traîne sur le dernier phonème pour me flanquer la trouille.
Puis, elle ajoute au choix : VILAIN CHIEN, AFFREUX POULELOU, HORRIBLE LOUPEDELOU suivant la valeur accordée à l’objet ( Tout surnom associé atténue immédiatement la sévérité du ton ). Je me fige ou dans le meilleur des cas, je fourre ma tête dans un petit coin, à l’abri d’une part d’éventuelles calottes ( si, si, Mam’hum me frappe ! ) mais surtout pour conserver mon trophée le plus longtemps possible. Les porte-mines sont un vrai régal : ils craquent sous la dent comme une chips et la gomme est un vrai bonbon.
Ensuite, Mam’hum analyse la situation. Le schéma d’actions est assez compliqué. En résumé,
« le chien conserve le porte-mine en gueule, oui ? non ?
Si oui, ordonnez qu’il lâche par un « DONNE » ferme et sans réplique. Si non, s’approcher doucement en veillant à ne pas le mettre dans l’impossibilité de s’échapper, car comme dans le fameux ouvrage de stratégie militaire de Tsun Tseu, acculé dans ses retranchements, et sans échappatoire possible, l’adversaire ne peut qu’aller à l’affrontement, courageux et vaillant alors qu’une voie de dégagement le rend faible, lâche.
« le chien se met à grogner, oui ? non ?
Si oui, vous avez du souci à vous faire. Si non, continuez à avancer.
« le chien se met à grogner plus fort, oui ? non ?
Si oui, allez chercher un journal, roulez-le pour en faire un sorte de bâton. Attention cependant à ne pas utiliser votre quotidien favori, le chien l’associerait automatiquement à la correction qui l’attend et votre lecture du soir en serait fâcheusement perturbée.  Si non, continuez à avancer –  des tout petits pas car la procédure n’est pas encore finie.
« le chien grogne toujours et retrousse ses babines, mauvais, menaçant, belliqueux, l’œil largement courroucé, oui ? non ?
Si oui, assénez-lui un bon coup de journal sur le postérieur, non mais ! Si non, continuez à avancer
« le chien grogne et regrogne comme chez le véto qui, pauvre déraisonnable, voudrait lui mettre une muselière, oui ? non ?
Si oui, suivez la procédure d’urgence ci-jointe. Si non, récupérez l’objet en question et félicitez-vous d’ignorer la procédure d’urgence ci-jointe.

Procédure d’URGENCE
( En cours de rédaction. Le service qualité décline toute responsabilité en cas de sinistre. Néanmoins, vous pourrez consulter avec profit la procédure de RAPPEL par défaut )

Procédure de RAPPEL
« le chien doit vous suivre, oui ? non ?
Si oui, prononcez d’une voix claire et enjouée : Si tu viens, tu auras une récompense. Si non, vaquez à vos occupations et laissez le chien vaquer aux siennes. Il est salutaire pour l’équilibre de la meute-famille de ne pas toujours être sur le dos des uns et des autres.
« le chien suit, oui, non ?          
Si oui, félicitez-le chaleureusement et donnez-lui son dû après avoir cependant obtenu de lui une petite courbette de récompense – très facile vu les circonstances alléchantes. Si non, prenez conscience une fois pour toute, mais sans culpabilité, que votre chien est mal EDUQUE ! Le rappel ne se conçoit que du premier coup, un rappel du rappel est une preuve patente d’échec.




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