La langue qui nous habite...

La langue qui nous habite...
La langue qui nous habite...calligraphie encres de chine et gouache de Odile Pierron

mercredi 17 avril 2013

Atelier d'écriture du 12 avril 2013

Pastiches de San Antonio : 


 
Le grand gaillard a dû avoir King Kong comme bisaïeul tellement sa dégaine est maousse et ses poings velus.

Je lui mets mon 9 mm sous le pif et le voilà immédiatement métamorphosé en Bambi.
Non ! C'est peut-être mon fameux sourire qui l'a intimidée la demoiselle !

« -Plus haut les bras Golum !
Il est où ton boss, on a à causer tous les deux.
Quoi ! T'as avalé ta langue ? »

Sur ce, il recule et m'emmène vers le fond du restaurant tellement couvert de marbre des murs au plafond qu'on se croirait dans la salle d'autopsie de l'institut médico légal, quai de la Gare ...
Une porte et on débarque dans un bureau miteux où, derrière un nuage de havane, Scapellini est en train de compter ses biftons.

« -Surpris Scapi ? Ne bouge pas un cil où je te transforme en lasagne ! »
Juan Carlos


Il puait tellement la clope que les détecteurs d'incendie se mettaient en branle dès qu'il approchait. Il faisait une tête de déterré ; sous les yeux, il n'avait pas des poches ou des valises, mais des semi-remorques. C'était une grande gueule comme seul un marseillais pouvait l'être et la peau de sa tronche hésitait entre le rouge brique et la moquette en béton. Il était si grand et baraqué que King Kong faisait gonzesse à côté.
"Vos gueules, bande de têtards ! ce soir, le pé-esse-gé, on lui met le feu ! les parigots vont s'en bouffer les couilles ! Six à zéro ?! Bé, c'est pu du footeu-balleu, c'est du tennis ! Eh, p'tit con, une bière !
"Un picon-bière, ça marche !
Momo


La souris avait mis les formes et où que je posais les yeux sa carrosserie toute neuve donnait envie de la conduire quelque part où coule un fleuve assez suave pour lui susurrer des mots en caramel mou. Mais y fallait pas non plus que, taquinés par les moustiques en plus, on aille s'embourber la bagnole. Et puis question conversation, j'avais pas grand-chose sous le pied, chacun a sa façon de causer, moi, c'est ans les bois à scier du bouleau que s'exprime ma personnalité, et mon vocabulaire ne dépasse pas ma condition, faut pas péter plus haut que son cul. Remarquez, dans les jurons, bande de désossés, j'ai le génie facile, bande de trombones rouillés et ça coule tout seul comme la morve d'un naze enrhumé. Mais les mignonnes, elles aiment qu'on leur murmure le nom des constellations, la casserole de la grande ourse et tous ces machins mythologiques qu'on trouve dans les bouquins et puis si t'es un mec, faut s'affirmer en deux trois questions d'opinions, la politique, la société, des sujets à la con, histoire de montrer que le monde, c'est nous qui le faisons. En attendant, ma Barbie poireautait accoudée au zinc collant de ce troquet ringard où on passait rarement l'éponge. Vous voyait c'que je veux dire ! Je me dis "in petto" : allez Charlie, tu vas pas la laisser là à chialer d'ennui tout son rimmel, vas poser tes fesses à côté d'elle sinon tu vas te faire doubler par un ténor à la voix de rossignol... Alors, je me suis approchée, une p'tite idée en tête pour lui faire la causette. A chaque pas que je faisais, je manquais de trébucher comme un soulard mais les yeux que je porte d'habitude ras du bitume, qui ne percent jamais  les brumes de l'horizon, eh bien, là, masette, ils dépassaient carrément la ligne de flottaison et je tanguais, et je roulais et je gîtais noyé dans les yeux verts lagon de la minette. C'est pas une fille de chez nous, j'me suis dit ; celle-là, elle a un cerveau. J'ai commandé un Pernod pour moi et une grenadine pour elle. Le garçon n'arrêtait pas d'la reluquer, ça m'a foutu les nerfs.
"T'as les trous de nez à la place des yeux, empaffé, tu vois pas qu' tu fous tout à côté ! "
Il s'est barré fissa. Mon Pernod sentait les cabinets mais j'ai rien laissé paraître, trop ébaubi par les mirettes de ma poupée. Bon sang, j'm'suis dit, faut assurer la quiche ce coup-là, la prise est pas ordinaire.

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